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L'utilisation des contes et des marionnettes en art-thérapie

L'utilisation des contes et des marionnettes en art-thérapie

L'art-thérapie repose certes sur la créativité, mais plus largement encore, sur l'imaginaire. Par conséquent, l'utilisation des contes et des marionnettes s'avère alors des techniques pertinentes pour alimenter le processus art-thérapeutique.

Ce qui est spécifique à un conte ou une légende est la présence d'une métaphore. L'histoire transporte un message, elle comporte différentes interprétations, elle peut être comprise dans plusieurs sens. En art-thérapie, le conte permet la projection, l'identification du client à un élément de l'histoire. Il permet de transposer la charge émotive vers la métaphore et ainsi créer une distance ayant pour effet de réduire les résistances ou la retenue du client à verbaliser des éléments confrontants. La charge émotive est contenue et l'auto-censure du client est fortement réduite puisque la verbalisation est indirecte. Selon Bettelheim (1976), représentés par les personnages et les évènements du récit, les processus internes du client sont extériorisés, ils deviennent donc compréhensibles. Le conte aide le client à atteindre un plus haut niveau de conscience, à percevoir des solutions différentes en explorant divers angles de vue. Il permet l'activation des ressources personnelles de l'individu. De plus, l'utilisation la métaphore s'avère pertinente non seulement pour le client, mais également pour le thérapeute, puisque ce dernier peut aussi l'employer dans son intervention.

Tout comme le conte permet de libérer l'imaginaire, l'utilisation d'une marionnette facilite encore davantage cette qualité de l'outil, puisqu'elle encourage le jeu. Non seulement le jeu s'avère particulièrement efficace pour renforcer le lien thérapeute/client, mais surtout, il offre au client l'opportunité d'organiser et de réordonner sa réalité. La littérature confirme que le jeu précède la représentation symbolique et la verbalisation de l'individu, c'est pourquoi le jeu est si important pour avoir accès au processus. À cet effet, Wallace (1987 : cité dans Dubé, 1994) mentionne que :

[…] travailler dans une atmosphère de jeu, sans idée ou notion préconçue au départ, comme le ferait un enfant spontanément, fait partie de la première étape du processus impliqué dans l'imagination active (forme de dialogue entre le conscient et l'inconscient). Travailler de façon libre et spontanée est une condition importante pour être en mesure dans une deuxième étape de saisir la signification du message; de travailler dans le doute et l'incertitude permet cette émergence spontanée des contenus de l'inconscient et l'ouverture à de nouvelles perspectives. (p. 6)

À ces mots, la pertinence d'utiliser les contes et les marionnettes prend tout son sens. Ces outils comportent un fort aspect ludique, précieux non seulement auprès des enfants et des adolescents, mais d'autant plus efficace auprès des adultes pour qui le jeu s'avère bien souvent relégué aux oubliettes. L'adulte doit se refamiliariser avec le fait de jouer et la marionnette prend vie plus naturellement que tout autre médium. Le dialogue et la verbalisation du client sont encouragés par le jeu. La marionnette offre un point d'appui à l'expression symbolique et permet la mise en action, elle permet de jouer une scène. L'individu se projette, incarne un personnage ou un certain élément, beaucoup plus aisément, la charge émotive que peut prendre la marionnette s'en trouve d'autant plus forte. D'ailleurs, ce fait est particulièrement véridique si le client a lui-même fabriqué la marionnette, il se l'approprie davantage. À propos de la réalisation de la marionnette par le client, Tappolet (1984) affirme que « créer une marionnette peut être une véritable construction ou même re-construction de soi-même. » (p.3) De plus, un avantage supplémentaire de la marionnette, c'est qu'elle offre l'opportunité d'être transformée ou d'y faire des ajouts pour supporter le processus de l'individu.

Ceci dit, il n'y a rien de futile à recontacter avec son cœur d'enfant, bien au contraire. Réapprendre à jouer peut vous aider à retrouver le caractère spontané et instinctif de l'enfance, ce qui contribue à clarifier et transformer votre façon d'aborder la réalité. Venez créer, découvrir ou réinterpréter des contes et concevoir des marionnettes avec nous!

Sara Giard Pagé, A.T.P.Q.

Bettelheim, B. (1976). Psychanalyse des contes de fées. Paris : Éditions Pocket.

Dubé, L. (1994). La rencontre de l'art et du jeu. Texte inédit, 8 pages.

Tappolet, U. (1984). La thérapie par la marionnette et le conte de fées. Paris : Collection Marionnette et Thérapie. Numéro 15, 20 pages.

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