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efficacité de l'art-thérapie

Comment j'explique l'efficacité de l'art-thérapie aux gens les plus rationnels?

Juin 2022

Je croyais à l'efficacité de l'art-thérapie avant même de débuter ma formation dans ce domaine et maintenant que j'y suis pleinement formée, la puissance de cette approche m'ébahit complètement. Pour convaincre les plus incrédules, ceux qui ont besoin d'une explication plus concrète ou de s'appuyer sur des théories plus connues et éprouvées, j'aborde le sujet sous le regard de Watzlawick (1980). D'ailleurs, Johanne Hamel, une sommité québécoise en art-thérapie, expose clairement les apports des travaux de Watzlawick dans le domaine, dans un article publié en 2000 dans la Revue québécoise de psychologie.

En fait, pour expliquer rationnellement l'efficacité de l'art-thérapie, je vulgarise le sujet en mentionnant que, selon une pensée constructiviste, les enfants commencent à bâtir leur compréhension du monde, et ce, avant même l'apparition du langage, à travers leurs sensations et leurs émotions, donc par l'utilisation de l'hémisphère droit du cerveau. Les enfants grandissent, cumulent les expériences et interprètent leur réalité. Lentement leurs perceptions se transfèrent vers l'hémisphère gauche où ils trouvent des explications, un sens logique à leurs expériences et arrivent à verbaliser leurs pensées. Cette façon de raisonner est le propre de l'adulte, mais à la base, leurs constructions du monde, leurs conceptions des choses, donc une grande part de leur personnalité et de leurs tendances comportementales, se sont bâties dans l'hémisphère droit. Sachant que les neurosciences ont prouvé que la créativité et l'imagination référèrent à la partie droite du cerveau, il devient alors facile de comprendre qu'en utilisant cette partie pour susciter un changement chez un client, l'art-thérapie touche directement les fondements de la personne et non seulement ses mécanismes cognitifs comme le fait une thérapie verbale en n'accédant qu'à la partie gauche du cerveau. Par l'art, il devient possible de « reprogrammer » le cerveau vers les transformations désirées. Expliqué de la sorte, rares sont les gens que je n'arrive pas à convaincre du pouvoir de l'imaginaire. L'efficacité de l'art-thérapie provient du fait que l'art-thérapeute travaille précisément à la source des sensations, des émotions, des impressions, des perceptions de son client, là où siègent les bases de ce qui l'a construit et le compose aujourd'hui.

Par cette façon d'argumenter l'efficacité de l'art-thérapie, j'atteins la tendance de la société contemporaine à adhérer plus facilement aux idées soutenues par une démarche scientifique, à répondre au besoin qu'ont les gens de croire à ce qui est appuyé par des théories confirmées et des données probantes. Dans le contexte actuel où l'art-thérapie a du mal à être reconnue par l'Office des professions du Québec, peut-être que cet angle d'approche peut s'avérer intéressant dans ce combat.

Sara Giard Pagé, M.A.; A.T.P.Q.

Bibliographie

Hamel, J. (2000). La psychothérapie par l'art : la transformation intérieure par la voie de l'imaginaire. Revue Québécoise de psychologie, 22(1), p.33-48.

Lambert, J. (2016). Notes du cours ATH-2002 La voie de l'imaginaire [Diaporama PowerPoint].
Université du Québec en l'Abitibi-Témiscamingue.

Ray, W. (2007). Paul Watzlawick, PhD, philosophe et pionnier de la thérapie familiale, est mort à l'âge de 85 ans. [Page Web]. Consulté le 5 avril 2016 à http://www.cairn.info/revue-cahiers-critiques-de-therapie-familiale-2007-1-page-259.htm

Watzlawick, P. (1980). Le langage du changement. Paris : Seuil.

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