Le mandala en art-thérapie

Pour faire suite au blogue de septembre sur le coloriage pour adultes, il convient d'aborder ce mois-ci l'utilisation du mandala en art-thérapie. Au-delà du style mandala, zentangle ou "doodle" proposé par différents livres de coloriage vendus dans les commerces de détail, qu'est-ce réellement qu'un mandala? D'où vient-il? Quelles sont ses vertus en art-thérapie?

Tout d'abord, il se doit d'être précisé que dans le cadre d'un véritable processus en art-thérapie, l'utilisation du mandala va bien au-delà du simple coloriage d'une image pré-imprimée. L'art-thérapeute professionnel accompagne la personne dans la création même du mandala, mais également dans une exploration beaucoup plus profonde de ce qui le compose.

Bien des déclinaisons peuvent être produites en séance d'art-thérapie, mais typiquement, le mandala est une figure circulaire combinée de multiples façons avec le carré ou traversée d'une croix (grecque ou diagonale). Il peut également être des cercles concentriques ou même un carré traversé d'une croix. Le centre du mandala s'avère un élément fort en importance.

Saviez-vous que l'évolution du dessin chez les enfants passe instinctivement par la création de mandalas, quoique rudimentaires? À cet effet, Dupont (1991) explique que l'enfant acquiert progressivement un meilleur contrôle moteur et arrive éventuellement à tracer des formes (le cercle apparaît généralement en premier). Il les jumelle ensuite pour former des agrégats et, naturellement, il combinera le cercle et la croix pour créer des représentations qui feront du sens pour lui. Pensez par exemple aux dessins de soleil ou aux « bonhommes-tétards »... D'après Neumann ((s.d.) cité dans Fincher, 1993), le fait de dessiner des mandalas aide les enfants à établir leur identité. Ce processus inné d'orientation leurs permet d'acquérir le sentiment d'exister. C'est ce même besoin d'orientation qui aurait inspiré la création des mandalas chez les adultes ayant le désir de donner un sens à leur existence. Neumann attribue cette impulsion à l'archétype du Soi. En d'autres mots, le mandala supporte un processus d'individuation en offrant un reflet du Soi, c'est-à-dire, une représentation exprimant l'entièreté psychique qui distingue une personne au-delà de ce qu'elle perçoit à prime abord.

Le mandala figure parmi les symboles magiques et religieux les plus anciens de l'humanité. Depuis des millénaires, plusieurs peuples ont créé des mandalas (ex : tibétains, indiens, maoris, égyptiens, amérindiens, britanniques, européens, asiatiques, africains…). Il est un symbole universel, souvent à saveur spirituelle. En fait, le mandala illustre les opposés sous-jacents à toute chose. Le bien/le mal, l'ombre/la lumière. Sa symétrie est associée à l'équilibre, l'équilibre des forces qui s'opposent dans un mouvement perpétuel. Un cercle dynamique sans début, ni fin. Le jour/la nuit, le rythme circulaire des planètes et des atomes. Le mandala réfère aussi à la totalité.

En art-thérapie, la création d'un mandala facilite le retour au caractère instinctif de l'enfance. Il permet d'entrer en contact avec sa source intérieure de créativité, ouvrant ainsi un passage à l'inconscient pour se manifester. Le mandala permet d'exprimer la dynamique entre inconscient collectif et expériences personnelles ainsi que les opposés qui animent notre psyché (ex : aimer ses enfants et les trouver irritants, vouloir être fort et indépendant mais se sentir vulnérable et dépendant). Jung ((s.d.) cité dans Fincher, 1993), parle d'un effet « circumambulatoire », puisque le développement de la psyché vers la compréhension du Soi n'est pas linéaire. Le fait de transiger avec nos contradictions, nous permet de comprendre et de se réconcilier avec nos polarités, ce qui nous permet d'atteindre notre monde intérieur. Prendre conscience de qui nous sommes, la façon dont nous fonctionnons à l'intérieur de nous-mêmes et avec les personnes qui vous entourent, nous transforme. Le mandala a un pouvoir d'autoguérison, puisqu'en prenant conscience des éléments conflictuels qui nous habitent et en les exprimant en symboles, nous exhortons nos tensions internes. Ces tensions diminuent alors considérablement et l'effet calmant est indéniable. Le simple fait de dessiner à l'intérieur d'un cercle peut procurer un sentiment d'unité.

En résumé, bien que le mandala soit surtout connu pour son effet calmant, notamment puisqu'il est à la fois un processus de méditation et un résultat de la méditation, ses vertus thérapeutiques ont de nombreuses applications. Le mandala est utile pour aider à la découverte de soi, à la croissance personnelle, à donner un sens à son existence, mais aussi pour nous recentrer pendant les périodes de transition ou d'angoisse, lors d'une blessure affective, dans le cas d'une situation difficile actuelle ou passée, etc. En art-thérapie, il est généralement utilisé en individuel, mais il est également possible de l'utiliser en couple ou en groupe.

Sara Giard Pagé; M.A, A.T.P.Q.

Bibliographie :
Dupont, R. (1991) Lire les images des enfants. Montréal : Les images de l'Art.
Fincher, S. (1993). La voie du mandala : Comment créer et interpréter vos propres mandalas, St-Jean de Braye : Dangle.